Marie & Pluton / a book of history

tu le sais. ta venue sur la petite île n'était pas sans raison. tu cherchais tes racines, tes ancêtres mais aussi et surtout ta progéniture. Eve, tu l'avais eu il y a quelques années de cela, alors que tu habitais encore à Paris. mais tu l'avais fuis, tu étais partie, tu l'avais laissée, sans même te demander ce qu'elle allait devenir avec son père Arthur. tu pensais à toi, tu n'étais centrée que sur ta personne. avoir un enfant à l'âge de vingt-sept ans tu ne pouvais pas l'assumer. et aujourd'hui, c'est le futur qui te rattrape, tu voudrais être auprès d'elle, tu voudrais savoir comment elle se porte, la connaître, partager des moments avec elle. mais pour dire, tu n'as aucune piste. même si l'île est petite, tu ne sais pas trop par ou commencer. tu as bien croisé Arthur, mais évidemment tu n'as eu aucune information. la seule certitude que tu as c'est que Eve est scolarisée dans l'école élémentaire de Daigh. pour le reste, c'est un vrai vide que tu voudrais combler à tout prix.
c'est pour ça que tu te retrouves ici, dans la bibliothèque de Daigh, à taper sur le logiciel de recherche si tu peux trouver des informations sur ta fille. oh, tu le sais, tu ne trouveras rien de bien probant, mais comme dit le dicton "qui ne tente rien n'a rien". alors tu cherches, tu passes les pages des journaux locaux en espérant voir son prénom inscrit en caractère noir.
tu te sens seule, la bibliothèque de Daigh n'est pas très fréquentée. tu avais espérée pouvoir te cacher parmi les lecteurs, mais aujourd'hui il y a très peu de monde. le son des touches qui inscrivent le prénom de 'Eve' résonne dans tout le bâtiment. quelle drôle de situation. à Paris, tu devais parfois attendre qu'une place se libère pour t'installer à une table et réviser ton code pénal. le silence qui y régnait était confortant. celui de la bibliothèque de Daigh est angoissant. tu sens que peu de monde vit sur l'île et le décalage entre Paris et ce village te laisse perplexe. dans quel vie t'es tu embarquée ? ce silence si pesant te donnerait presque l'envie de partir, mais ta determination à trouver Eve est plus forte. alors tu restes, à taper des mots sur ce clavier, qui parfois n'ont ni queue ni tête, mais tu le veux, tu aimerais avoir des informations sur ta fille.

Tu étais plongée dans les vieilles rubriques de journaux. Tu cherchais tout qui aurait pu arriver à Eve, accident, célébration pour une chorale, une kermesse à son école, bref, le moindre petit évènement ou tu pouvais apercevoir son prénom, voir sa photo. Tu le savais, sa bouille tu l'aurais reconnue, une mère ne passe pas à côté de son enfant, même si cela fait presque 10 ans que tu n'as pas vu ta petite. Tu l'avais dessinée tellement de fois en tête, so visage avec des joues bien ronde et rosées, un nez fin en trompette, des yeux sombres comme ceux de son père. Tu en avais une image et tu scollais l'écran de l'ordinateur de la bibliothèque de Daigh, avec l'espoir de tomber sur son portrait. Mais cela faisait déjà plusieurs heures que tu étais assisse devant le programme de recherches informatisées et qu'aucun prénom ou visage ne t'avait apporté de réponse.
Tu étais tétue, tu étais déterminée, c'est ça qui t'avait donné toute cette force durant ta vie entière. Ta détermination à abandonner Eve en faisait parti, malheureusement, et aujourd'hui tu le regrettais à moitié. Voilà pourquoi tu étais en train de t'esquinter les yeux devant l'écran.
Alors que tu commençais à divaguer un peu, ta concentration n'était pas à optimale, tu as senti une présence derrière toi, rien que tu ne devais craindre mais comme cette bibliothèque était si calme et paisible, le moindre mouvement  c'est comme une caresse sur ton bras. Ton hypersensibilité y est surement pour quelque chose, alors tu avais déjà commencé à te redresser quand cette voix te coupa. C'était Pluton, cet instituteur à l'école élémentaire de Daigh, que tu avais déjà croisé afin d'avoir des informations sur ta fille. Il était restreint au secret professionnel ce que tu comprenais. Toi même, avocate tu étais soumise à ce serment, alors tu n'avais pas vraiment chercher à le convaincre, de te divulguer les sacrées informations. Tu étais restée raisonnable et vos échanges en étaient restés là.
Tu lui as répondu avec la douceur qui te porte, un petit sourire sur tes lèvres, avec un bonjour très cordial. Tu ne savais pas vraiment comment te comporter. Détail qui pouvait faire sourire, ton accent. On voyait bien que tu n'avais pas vécue en Irlande, et que la french touch était décelable.
Puis, tu as perdu ton sourire, tes sourcils se sont légèrement froncées en entendant la remarque de Pluton. A vrai dire, tu ne la comprenais pas. "qu'est-ce que tu veux dire ? une bonne idée ?" tu t'es retournée légèrement vers lui, fixant son visage, le tien plein d'incompréhension. "j'essaie avec les moyens que j'ai et ça peut faire un peu toomuch mais... "