TOPIC COMMUN / Dans le noir.

C'est dimanche en ouvrant ton frigo ce matin tu fus pas étonnée de ne rien trouvé. Tu étais tellement obsédée par le boulot et après l'hôpital avec ta mère que tu avais oublié te ravitailler. En te levant ce matin tu avais comme d'habitude allumé la radio afin de décompresser c'était ta manière à toi de penser à autre chose. ils avaient subitement coupé les programmes afin d'annoncer la tempête qui arrivait à grand pas. Tu avais l'habitude tu vivais ici depuis ton plus jeune âge et bien souvent ils surestimaient la tempête. Alors avec un élan de courage tu descendis vers la supérette au coin de la rue afin que tu puisses manger au moins aujourd'hui. Et visiblement en arrivant dans le magasin tu n'étais pas la seule à t'être aventurée dehors. Bien que un peu trempée tu commençais à faire tes petites emplettes. Jusqu'à ce bruit sourd qui venait de nul part. Tu ne compris pas vraiment ce qui avait pu se passer et l'instant suivant le magasin venait d'être baigné dans le noir. Ce qui finalement fit monté ton angoisse d'un seul coup. Tu te rassurais en te disant que tu n'étais pas seule. Ce qui t'aida un peu.

Un sourire poli, un bonjour absent, voilà tout ce qui avait fait les dernières et interminables minutes de ce week-end gâché. Les yeux qui peinent à rester ouverts, les gestes lents et maladroits emprunts d'un sommeil trop lourd. Florry ne pouvait que pester, encore et encore, contre ce patron sadique qui lui faisait foutre les pieds dans cette prison un dimanche matin, bien conscient que cela ne servait à rien. Il aurait pu faire un effort, prétendre que le temps de chien qui s'abattait sur l'île l'obligeait à fermer boutique... Mais non... Il s'en foutait, le boss, il s'en foutait complètement... Et puis il avait pas tort. Il y avait du monde, même aux aurores, même sous la pluie, même un dimanche...

Le jeune homme jeta un coup d'oeil à sa montre et entassa quelques trucs de plus sur une étagère. C'est que même si tôt, fallait pas espérer se tourner les pouces dans un coin en attendant que les heures aient fini de s'égrainer. Et Dieu sait qu'elles s'égrainaient pas vite... Un bâillement étouffé, impatient d'être à demain. La grasse mat' en vue, longue et tranquille. Si loin de ce matin-là. Si loin...

Les mêmes mouvements qui se répètent encore. Un paquet de farine dans une main, le désespoir dans l'autre, il continuait péniblement de remplir ce fichu rayon. C'était sans fin. Jusqu'à ce bruit sourd, sorti de nulle part. Un sursaut, le paquet qui s'éclate au sol et le noir absolu qui s'étend dans la boutique. Une sale journée jusqu'au bout !

— C'était quoi ça ?!

Qu'est-ce qu'il lui avait pris de sortir par ce temps ? Et si tôt, en plus ? Bon, d'accord, Connor était plutôt matinal, sauf quand il travaillait au pub jusqu'à tard ou qu'il écrivait toute la nuit. Or, il avait eu une bonne nuit de sommeil et s'était réveillé automatiquement tôt, ce matin. Avec une certaine faim. Et son chat semblait avoir faim aussi. Mais voilà. En se rendant dans la cuisine, le jeune homme constata que son frigo était vide et qu'il n'avait plus rien non plus pour nourrir son félin. Il fronça les sourcils avant de se rappeler qu'il avait tout bonnement oublié de faire les courses il y a quelques jours, trop absorbé par l'écriture de son prochain roman. Dès qu'il avait un peu d'inspiration, il en profitait et se mettait tout de suite au travail. Sauf qu'il avait trop souvent tendance à tout oublier, même se nourrir. Pestant contre lui-même, il s'habilla en vitesse avant de sortir de chez lui pour se rendre à l'épicerie du coin. Une chance qu'elle n'était pas loin et ouverte un dimanche. Par contre, niveau météo, la chance n'était clairement pas de leur côté. Il entra dans la boutique, légèrement mouillé par la pluie qui avait commencé à tomber dehors. Oui, une tempête se préparait, il était au courant. Mais il avait naïvement cru pouvoir faire quelques provisions avant.
Au moment d'arriver près de l'un des employés du magasin, un gros bruit se fit entendre et le magasin se retrouva plongé dans le noir. Connor sursauta, comme la plupart des personnes présentes, sans doute. Et surtout...comme l'employé du magasin qui venait de lâcher son paquet de farine qui éclata au sol et qui envoya un nuage de farine sur Connor. "AH !" Il se mit à tousser, sentant qu'il en avait sur le visage et sans doute sur ses vêtements aussi. "Qu'est-ce qui se passe ?" La réponse était pourtant évidente. Mais intérieurement, Connor espérait pouvoir rentrer chez lui très vite. Il ne voulait pas se retrouver coincé dans ce magasin alors que son petit chat était seul à la maison !

Quoi de mieux qu'un petit déjeuné américain improvisé. En ce dimanche matin, Meara se sentait d'une humeur plutôt cocooning malgré le temps affreux à l’extérieur, balayant ainsi les tristes pensées de son amant absent. Réalisant sa préparation de pancakes, elle s'apprêtait à allumer la plaque de cuisson quand elle fut prise de panique lorsqu'une branche d'arbre vint taper contre la vitre. Digne d'un film d'horreur étant donné la distance dont son corps s'éleva du sol dans un sursaut. Bref, pour un petit déjeuner de pancakes, le plus important reste le sirop d'érable. Une gourmandise malheureusement absent de ses placards. Tout du mois, la fine goutte présente au fond de son bocal ne suffirait pas à rassasier la tournée de pancakes. Déterminée, elle enfilait un rapide une tenue ainsi qu'un manteau et bravait le froid jusqu'à la supérette de son quartier. Son parapluie se retourna quelques fois sur le chemin, la mouillant par la pluie battante. Il faut être fou pour sortir sous ce temps, pensait-elle. Une fois à l'intérieur, elle remarqua agréablement qu'elle n'était pas la seule courageuse, ou inconsciente, à risquer sa vie. Saluant l'employé de caisse à son entrée en magasin, elle fermait son parapluie tout en secouant ses cheveux mouillés tel un chien. Pas très flatteur. Rapidement, ne souhaitant pas rester à l'extérieur sous cette tempête plus de temps qui ne le faudrait, elle s'engageait dans les allées à la recherche de son fameux sirop d'érable. Satisfaite de trouver le rayon, elle empoignait un tube et lisait rapidement la composition au dos. D'un coup, un bruit sourd la fit sursauter pour la deuxième fois de la journée. Mais cette fois ci, elle était prête à s'encastrer dans le plafond. Puis, le noir complet. "Aie aie..." s'écriait-elle. "Ca s'annonce vraiment pas bon tout ça !" s'inquiétait-elle du temps à l'extérieur.

Bon alors peut-être qu'ils n'avaient pas totalement surestimé cette tempête. La boutique était désormais dans le noir, ou en tout cas dans la peine ombre car on peut pas dire que ce soit la lumière du jour qui pouvait éclairer l'endroit. Les nuages étaient tellement menaçant et noir qu'on pouvait à peine voir dans le magasin. Tu étais dans le rayon des boîtes de conserve lorsque tout s'est éteint subitement. Tu avais entendu quelques personnes surprises par tout ça. Tu continuas ta route vers d'autres rayons voir si c'était simplement le magasin qui était dans le noir ou toute la ville mais à travers la vitrine il était impossible de voir quoi que ce soit avec cette pluie battante. Tu te retournas et tu tombas presque nez à nez avec une jeune femme @Meara O'Dwyer. - Oh vous croyez ! Dis-tu en souriant. - Faut voir le côté positif, je préfère être à l'intérieur actuellement. Ce qui m'inquiète le plus c'est le bruit qui a précédé le black out, c'est jamais bon signe. Oui car finalement le black out n'est pas arrivé seul. Tu voulais pouvoir vérifier quelque chose sur ton portable et non seulement Daigh n'était pas bien réputé niveau réseau mais pour le coup il n'y en avait plus du tout.

Du paquet qui s'éclata s'éleva un petit nuage de farine. Florry toussota, s'inquiétant dans un étranglement maladroit de ce qu'il venait de se passer. Ç'aurait dû s'arrêter là. Un coup de balai et puis plus rien. Mais un autre se fit entendre. Un nouveau sursaut et le visage qui se décompose. À aucun moment dans son contrat, il était écrit qu'il avait le droit de manquer de tuer les clients. Plaider l'accident n'était sûrement pas une excuse valable pour un cadavre sur les bras.

— Put...! retint-il de justesse avant de se mettre à épousseter d'un geste brouillon les vêtements du pauvre homme. Je suis désolé ! Vraiment désolé !

L'air idiot se posa là. La journée pourrie jusqu'au bout. S'il voyait ça, le boss, il se marrerait sûrement pas des masses... Mais c'était lui, aussi, et son idée à deux balles là d'ouvrir un dimanche de tempête !

D'autres voix résonnèrent un peu plus loin dans la boutique. Ils étaient plusieurs à être coincés là. Fallait espérer que ça se calme rapidement... La pluie n'a jamais tué personne. Peut-être, au moins, que les minutes fileraient plus rapidement qu'elles l'avaient fait jusque là. La matinée à rallonge... Il croisait les doigts pour qu'elle touche à sa fin.

— Qu'est-ce qui se passe ?
— Les gars de la météo se sont pas foutus de nous, je crois.

C'était plus qu'une simple croyance, c'était une certitude. Pour une tempête, c'était vraiment une tempête !

Connor était sans doute couvert de farine, mais c’était le cadet de ses soucis. Il se demandait surtout ce qui se passait, même si, au fond, la réponse était évidente. « Oh, ce n’est rien ! Ne t’en fais pas ! » Il avait naturellement tutoyé le vendeur sans s’en rendre compte, mais en même temps, il le voyait souvent et le connaissait donc au moins de vue. De toute façon, vu la situation c’était un détail tout sauf important. En plus, ils n’étaient manifestement pas seuls dans le magasin, d’autres voix se firent rapidement entendre, dont une voix qui lui était familière. « Bon…espérons que le courant soit vite rétabli et que les choses se calment dehors ! » Il fallait voir le bon côté des choses. Au moins, ils étaient au sec et si jamais la situation devait s’éterniser, ils auraient au moins de quoi boire et manger. Encore un peu et ça ressemblerait au scénario d’un film, d’une série ou d’un jeu apocalyptique. Il ne manquait plus que les zombies, tiens. Et voilà Connor qui commençait à s’imaginer dans The Walking Dead et Resident Evil. Il avait une imagination débordante, ça allait de soi.
Il finit par sortir son portable car même s’il n’y avait plus de réseau, il pouvait toujours se servir de la lampe torche. Tant qu’il n’était pas déchargé. « Voilà qui est mieux ! Viens ! Je pense qu’on ferait mieux de se regrouper. » Il se dirigea donc vers les autres voix et repéra rapidement une silhouette familière. « Meara ? » Sa cousine. A vrai dire, il était assez soulagé de la voir. Il n’était déjà pas très à l’aise en compagnie d’étrangers, alors oui, ça le rassurait. D’ailleurs, il venait d’apercevoir une autre tête connue dans la foulée. « Tara ? Toi aussi, tu es ici ? » Tara était son amie d’enfance, l’une de ses seules amies. Finalement, il aurait pu bien plus mal tomber. « Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ? Je suppose que…qu’on va juste attendre que ça passe ? » Dans le noir. Avec juste son portable en guise de source de lumière. Et selon la durée de tout ça, la batterie ne tiendrait pas. Il se tourna alors vers le vendeur. « Il y a des torches et des piles ici ? Ça pourrait être utile… » Il rougit légèrement, se rendant compte qu’il était, sans le vouloir, en train de prendre des décisions et Connor n’était pas un meneur. Loin de là. En plus, il avait l’air fin avec sa farine.

HRP: