■ mama knows best / ft. victoria.

Après l’école, Naomi était rentrée chez elle. La journée avait été longue, mais elle s’était bien passée. Ses élèves étaient toujours aussi adorables, ils avaient le don de la faire rire et sourire tout au long de la journée et de la motiver à se lever le matin. Ils avaient toujours été d’un grand réconfort quand son mari avait été vivant et qu’elle avait su qu’en rentrant chez elle, il serait là pour la mépriser et pour la rabaisser. Sa carrière, c’était l’une de ses plus grandes réussites, juste après ses enfants, évidemment. Elle avait beau être fatiguée en rentrant chez elle, elle était quand même satisfaite de sa journée. Une fois chez elle, elle avait encore du boulot, ses cours à perfectionner pour le lendemain, alors elle s’était rapidement mise au boulot, pendant quelques heures, un bon thé sur un coin de la table. Le silence qui régnait à l’intérieur de la maison était à la fois reposant et stressant. Elle commençait à s’habituer, ça faisait un an qu’elle vivait seule, mais il y avait toujours quelque chose d’angoissant dans le fait d’être seule. Azadeh l’avait aidée avec ça pendant quelques temps, avant qu’elle ne mette un terme à cette relation. C’était trop compliqué cette histoire, elle ne savait pas comment la gérer. Un baiser ça changeait tout. Elle avait été mariée au même homme pendant trente ans. Le changement, c’était compliqué à gérer, surtout après trente longues années de routine. Une routine pas forcément agréable, mais une routine bien ancrée dans sa vie. Même si elle avait coupé les ponts avec Azadeh, Naomi, elle continuait de fixer son téléphone, dans l’attente d’un nouveau message, comme si ça pouvait changer quelque chose. C’était idiot, mais c’était un réflexe qu’elle avait, depuis qu’elle avait rencontré la brune. Ce soir, elle n’avait rien reçu. La veille non plus, le jour d’avant encore, idem. Elle ne pouvait s’en vouloir qu’à elle-même à force de ne pas répondre, Azadeh avait abandonné.

Son début de soirée alors, il avait été calme, sans rien pour la détourner de ses objectifs. Elle avait terminé ses cours pour le lendemain, avant de se mettre à préparer le repas. Encore une chose qui avait moins de sens depuis qu’elle était seule. Parfois, elle se demandait à quoi ça servait de cuisiner si c’était uniquement pour elle. Elle lui manquait, l’époque où elle avait eu trois filles à nourrir, autour de la table de la salle à manger. Heureusement, elle aimait cuisiner, ce goût pour la cuisine était le seul moteur qui lui restait pour manger autre chose qu’une simple soupe avant d’aller se coucher. Ce soir, elle venait juste de mettre son plat à mijoter quand elle entendit quelqu’un sonner à la porte. Elle tenta de chercher dans sa mémoire si quelqu’un avait prévu de passer pour le dîner, mais rien ne lui revenait, elle avait pris de l’âge, mais elle avait encore une bonne mémoire et elle était certaine qu’elle n’avait rien de prévu pour ce soir. Elle abandonna son tablier sur le dossier d’une chaise, avant d’aller ouvrir la porte. Elle fut surprise de voir sa fille aînée devant elle. Ça lui faisait plaisir de la voir, alors elle lui adressa un grand sourire. « Bonsoir Victoria. Viens entre. » Elle s’écarta pour la laisser entrer, quoi que soit la raison qui ait poussée Victoria à venir ce soir, elles n’allaient pas discuter sur le seuil de porte. « Tu vas bien ? » C’était le plus important après tout, avant même de savoir ce qu’elle faisait ici, en tant que mère, elle voulait prendre des nouvelles de sa fille.

Ce soir, Victoria s'octroyait une soirée de repos. Le bar en semaine n'était pas à son apogée en terme de fréquentation, ses employés sauraient très bien se débrouiller seuls. L'après-midi même, elle en avait profité pour faire le tri dans les affaires de son père, toujours entreposés dans le bureau à l'arrière de son bar. Lors des rénovations, elle avait tout balancé dans une boite en carton sans prendre la peine de vérifier son contenant, mis à part pour les papiers administratifs concernant le bar en lui-même. Soulevant alors le couvercle, elle observait un instant les divers objets. Un trophée de son tournoi de natation de l'année 1995, des effets personnels en tout genre qu'elle ne prit pas forcément la peine de détailler. Pendant un instant, elle songeait à balancer cette boîte dans le container à l'extérieur, jetant à jamais le reste de ce fantôme qui la hantait encore. Malgré toutes les renovations de l'établissement, Victoria sentant encore sa présence et son influence dans le bar, comme si ces choix n'étaient pas approuvés ou comme si elle sentait sa présence par dessus son épaule, prête à la réprimander. Un profond soupire s'extirpait de ses lèvres, essayant d'exorciser cette tourmente qui n'avait pas lieu d'être. Son père était décédé, depuis de nombreuses années désormais. Mais elle continuait à vivre sous sa coupe. Haussant les épaules presque machinalement, elle se disait finalement que certains de ses objets pourraient revenir à sa veuve éplorée, ou presque.

C'est à l'heure du service du soir, après avoir accueilli son équipe, que Victoria prit le chemin du retour. Direction sa maison, la boite sous le bras dont les objets s'entrechoquaient à l'intérieur à chacun de ses pas, ses jambes pivotèrent en direction de la demeure familiale. Décision sur un coup de tête mais dans sa marche qui lui permettait une réflexion profonde sur la question, elle ne voulait rien en provenance de son père dans sa propre maison. Sa mère, Noami, vivant qu'à quelques rues de chez elle, elle y parvenait en une quinzaine de minute. Sur le perron de sa demeure, Victoria restait fixée quelques secondes devant la porte, se demandant alors si c'était une bonne idée de rendre visite à sa mère. Malgré l'amour qu'une fille peut porter à celle qui l'a mise au monde, une certaine rancoeur persistait au fait qu'elle n'ait su les protéger de ce père indigne. Les relations s'étaient progressivement détériorées, et ceux avec toutes les soeurs à vrai dire. Dans un soupire, elle prit son courage entre ses mains pour appuyer sur la sonnette. Tendant l'oreille, elle n'entendait aucun bruit bien que la lumière illumine l'intérieur de la maison, la salle à manger plus précisément. Quelques secondes plus tard, elle aperçut le visage surprise mais néanmoins égayée de sa mère. "Bonsoir Maman." la saluait-elle à son tour, un léger sourire sur ses lèvres. Répondant à son invitation, elle passait le seuil de la porte pour pénétrer dans la maison de son enfance. "Ca va bien, merci. Et toi ?" commençait-elle avant d'humer l'odeur d'un bon petit plat, comme sa mère savait si bien les cuisiner. "Je te dérange, tu es en train de dîner ?" questionnait-elle à son tour en pivotant la tête pour apercevoir l'état de la table à manger qui ne tarda pas à lui offrir sa réponse. "Je vais pas te déranger longtemps. Je te ramène juste quelques affaires de papa." annonçait-elle alors que ce dernier mot lui accrochait la gorge. Papa. Un mot qu'elle peinait à prononcer, préférant utiliser en temps normal patriarche ou le paternel. Mais en présence de sa mère, son vocabulaire restait différent. Sans plus attendre, elle lui tendit la boite qu'elle portait sous le bras.

Naomi était soulagée que son époux ne soit plus là. Elle aurait dû s’en défaire des années plus tôt, au lieu d’attendre qu’une crise cardiaque ne vienne le faucher. Mais elle avait eu peur Naomi. Peur pour elle et peur pour ses filles. C’était le problème pour bien des femmes comme elle, elle avait eu l’impression que quoi qu’elle fasse, il ne la laisserait jamais tranquille, qu’il reviendrait, qu’il lui ferait du mal. Elle avait été traitée comme une moins que rien, une pauvre femme qui de toute façon, n’aurait rien pu faire de sa vie sans lui. Ces remarques, elles étaient violentes, blessantes, mais le pire dans tout ça, c’était qu’elles étaient répétées tellement de fois, qu’à force, on finissait par y croire. Au bout d’un moment Naomi, elle avait cru que sans lui, elle ne serait plus rien, qu’elle n’arriverait plus à joindre les deux bouts, c’était presque comme si elle avait eu besoin de lui pour exister. Elle savait aujourd’hui que c’était faux, qu’elle aurait pu s’en sortir même sans lui. Elle avait un emploi stable qui lui apportait assez d’argent pour s’occuper de trois enfants sans le moindre de souci. Elle savait aujourd’hui, qu’elle n’avait besoin de personne pour s’en sortir. Mais ça avait été différent à l’époque, quand il avait été là, il avait exercé un tel pouvoir sur elle, qu’elle n’avait pas eu conscience de tout ça. Elle s’en voulait Naomi de ne pas avoir fait ce qui était nécessaire pour le bien de ses filles. Elle s’en voulait d’avoir été une pauvre femme soumise à un homme qui semblait prendre un malin plaisir à la briser un peu plus chaque jour. C’était trop tard maintenant, le mal était fait. Au moins, il était mort à présent, il ne pouvait plus faire de mal à personne.

Elle, elle continuait de payer pour ses erreurs, pour tout ce qu’elle n’avait pas osé faire quand il avait été encore là. Elle avait l’impression d’avoir perdu ses filles. Elles aussi, elles lui en voulaient pour n’avoir pas été fichue de faire quoi que ce soit pour les aider. Elles avaient raison, elle ne pouvait pas leur en vouloir pour ça. Mais maintenant, leur père n’était plus là, ça voulait dire qu’elles avaient encore une chance de reconstruire tout ce qu’il avait plus briser. C’était tout ce qu’elle souhaitait à présent. Elle voulait une seconde chance et elle espérait bien pouvoir l’obtenir, après tout ce qu’elle avait dû vivre pour en arriver là. Elle avait cet espoir un peu insouciant en voyant Victoria débarquer ce soir. Ça lui faisait plaisir, ça lui donnait l’impression que sa fille se souciait encore d’elle, malgré tout. Elle l’avait accueillie avec un grand sourire, vraiment contente de la voir ici. « Ça va aussi, merci. » Elle répondit à sa question. Bizarrement, ça allait toujours bien ces derniers temps, depuis qu’elle n’avait plus à subir la colère de son époux. Il y avait quand même des hauts et des bas, des histoires pour la tourmenter, notamment celle avec Azadeh. Mais ce n’était pas quelque chose dont elle avait envie de parler pour le moment. « Oh non, ne t’en fais pas, c’est en train de mijoter, je ne suis pas pressée. » Et puis pour sa fille, elle aurait pu retarder l’heure du repas, elle n’était après tout pas affamée. La raison de la visite de Victoria était moins satisfaisante que ce qu’elle avait pu imaginer, mais ce n’était pas grave, elle était quand même contente de la voir. « D’accord, merci. » Elle récupéra la boite, avec une certaine hésitation, avant de la poser sur la table, sans même prendre le temps de l’ouvrir ? A quoi bon ? Elle n’avait pas envie de se souvenir de cet homme. « Tu peux rester pour le dîner si tu veux. Ou au moins pour prendre un verre ? » Elle n’avait pas envie que Victoria s’en aille tout de suite, elle voulait pouvoir lui parler, échanger avec elle sur un autre sujet que celui de son père, lui, il était mieux aux oubliettes.

Les choses auraient pu être différentes. Victoria, insouciante à l'époque, rêvait beaucoup. Elle aspirait à une vie de famille comme celle de ses copines. Celles où les parents les emmènent en vacances, visiter les coins encore inconnus à leur yeux. Elle espérait tellement que leur repas familial se déroule entre les rires et les bons souvenirs, ceux qu'ils se seraient construits tous ensemble. Entourée d'une famille aimante qui s'émerveille pour le bonheur des uns et des autres. Celle qui nous soutient et qui nous abrite durant les moments les plus durs. Une maison, un foyer, un refuge dans les moments délicats. Des bras dans lesquels pleurer quand plus rien ne va. Une confidence si aisément acquis par des parents qui ne sont qu'amour pour leurs enfants. Partager avec eux le moindre soucis, le moindre bonheur. Des paroles librement échangées dans une ambiance de sérénité. Elle aspirait à s'ouvrir au monde, qu'on lui montre la voie pour aimer et être aimé en retour. Mais quelle est l'image qui lui a été donné ? Celle dont l'amour est dévastateur. Celle dont l'amour est manipulateur. Celle dont la destruction emboîte le pas de la dépendance. Sa mère avait été dans une soumission à son mari, si bien que les filles ont pris le même exemple. Une famille de détractés, il fallait l'avouer. Chacune des femmes avait son lot de problème. Mais après tout, n'en avons-nous pas tous ? Mais Victoria ne pouvait désormais s'engager dans une relation qui demandait un minimum d'officialisation. Un temps incalculable que Pluton accompagne ses journées, mais elle se refuse à s'abandonner complètement à lui, préférant de loin garder tout ceci secret et en quelque sorte, une certaine indépendance. Une indépendance à lui, aux hommes en général. Être une femme libre qui n'a pas à subir les foudres de son mari. Comment peut-on se laisser abandonner à un homme que l'on croit aimer pour qu'ils nous fassent au final du mal ? L'amour rend aveugle, si bien qu'on ne voit plus le danger nous menacer. Pourtant, il est là, trônant comme une épée de Damoclès au dessus de leur tête. Il attend le moment opportun pour s'abattre et les faire flancher dans une intense douleur.

Voilà tout ce que lui rappelait son père, principalement. Et cette boîte, aussi petite soit-elle, contenait tout le malheur d'une enfance envolée bien trop vite. Malgré tout, Victoria pouvait comprendre la terrible épreuve qu'avait du endurer sa mère durant toutes ses années. C'était un sujet tabou dans la famille, et jamais elle n'avait osé solliciter des réponses sur le pourquoi du comment. Victoria, comparée peut-être à sa cadette, préférait faire abstraction de certaines choses, même si cela devait la ronger. Elle ne pouvait imaginer les sentiments auxquels sa mère a du faire face. Tomber de haut, possiblement, quand on découvre la noirceur de l'être aimé. L'avait-elle toujours aperçu, cette pointe de violence, dans le profond de ses yeux ? Avait-elle espérer des jours prochains, des promesses et des actes ? Était-elle paralysée par la peur d'une représailles ? Le sourire sincère et tendre de sa mère lorsque ses yeux se posèrent sur sa fille, Victoria y répondit un peu plus timidement. "Oh, d'accord. Ca sent très bon en tout cas." poursuivait-elle, ayant humer une délicieuse odeur qui embaumait la maison. Malgré elle, une certaine rancoeur persistait dans son coeur à l'idée de n'avoir pu être protéger. Un enfant a besoin de ses parents. Les siens avaient été la cause de sa douleur. Seulement, elle ne pouvait pas lui en vouloir aussi intensément que sa cadette l'aimerait. Elle lui manquait. Débarrassée de la boite, celle-ci rejoignait bien vite le meuble à côté. "C'est quelques vieilleries, des papiers, que j'ai trouvé dans son bureau au bar." se justifiait-elle alors, haussant les épaules dans un signe d'indifférence. Elle ne voulait plus rien de cet homme, même si son fantôme hante les murs de sa nouvelle affaire. Face à la proposition de sa mère, Victoria se mordait instinctivement la lèvre. "Je..." hésitait-elle tout d'abord. Mais en voyant le regard plein d'espoir de sa mère, elle ne pouvait se résoudre à la blesser à son tour. Cette femme l'a beaucoup trop été par le passé, par ses enfants aussi. Elle méritait aujourd'hui le bonheur. "Pour un verre alors, avec plaisir." acceptait-elle dans un sourire, tout en retirant alors son long manteau. Le déposant sur le porte-manteau à côté de l'entrée, elle s'avançait à son tour vers la pièce principale. Tout était toujours à sa place, comme avant.

Elle aimait ses enfants Naomi. Ils étaient la prunelle de ses yeux et malgré la dureté de leur père, elle avait toujours fait en sorte de leur apporter de quoi être heureuse dans leur vie. Elle avait fait de son mieux pour compenser Naomi. Elle n’était pas sûre d’avoir réussi. Dans le fond, elle se disait que c’était peut-être impossible d’apporter assez de bonheur à un enfant pour compenser avec le comportement d’un père pareil. Mais elle avait essayé la brune. Elle n’avait pas perdu son sourire, ni sa bienveillance, elle ne s’était pas laissé abattre, pour ses filles. Elle n’avait pas été complètement à la hauteur, mais elle n’avait jamais complètement abandonné non plus. Elle avait lutté pour leur apporter ce qu’elle pouvait et elle avait quand même l’espoir qu’elles aient quelques souvenirs heureux de leur enfance. Elle espérait que leur père ne leur ait pas arraché ça, parce qu’elle, elle en avait des souvenirs heureux avec ses filles. Elle avait aussi quelques souvenirs heureux avec son époux, au début, avant qu’il ne commence à changer. Il n’avait pas été si cruel quand elle l’avait rencontré, les années l’avaient changé, en mal. Elle, elle s’était accrochée à ses enfants pour tenir bon, elles avaient toujours été son petit rayon de soleil au milieu des ténèbres. Elle avait commis des erreurs Naomi, elle le savait très bien, mais il n’était jamais trop tard pour se rattraper non ? Son mari n’était plus là, leurs filles n’avaient plus à craindre ce père qui n’avait jamais rien eu de bon à leur apporter. Elles pouvaient toutes les quatre tourner la page et commencer une autre histoire. Elle espérait que ce soit possible en tout cas Naomi. Elle le voulait sincèrement. Ses filles étaient trop importantes pour elle pour qu’elle ne se batte pas pour elles.

La présence de Victoria ce soir était bon signe. Ou du moins, elle l’avait pris comme ça Naomi, avant de se rendre compte qu’elle n’était là que pour lui rendre quelques affaires appartenant à son père. Elle en avait encore plein, des affaires appartenant à son défunt mari Naomi. Enormément de choses qui lui rappelaient cet homme et dont elle ne voulait plus. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle donne aux bonnes œuvres ce qui pouvait être utilisé et qu’elle se débarrasse du reste. Elle n’avait pas tardé à retirer son alliance de son doigt, certaines veuves les gardaient comme un souvenir de l’homme qu’elles avaient aimé, elle, elle l’avait enlevée, comme si c’était des menottes à ses poignets la forçant à rester avec un homme qu’elle n’aimait plus depuis longtemps. Pire, elle le détestait depuis tellement longtemps. « Merci, c’est gentil. » Elle adressa un nouveau sourire à son aînée. La cuisine au moins, c’était quelque chose qu’elle avait toujours réussi. Tant mieux, son mari aurait pu s’en prendre à elle pour un plat raté, après tout, c’était son boulot de femme de faire la cuisine et le ménage, dans sa façon de penser à lui. Elle avait quand même récupéré la boite que sa fille lui avait donnée. Elle ne savait pas encore si elle la jettera sans regarder ce qu’il y avait dedans ou si elle jettera quand même un coup d’œil. « D’accord, je regarderai ça plus attentivement. » Ou pas, elle n’en savait rien. Elle n’avait pas envie d’être confrontée encore une fois à des souvenirs de cet homme, il y en avait déjà partout autour d’elle comme ça. Elle se disait qu’il serait temps pour elle de refaire complètement la décoration de la maison, histoire d’effacer les dernières traces de lui qui continuaient de résider dans les murs. Elle proposa à sa fille de rester pour le dîner, ou au moins pour un verre, avec l’espoir qu’elle accepte, qu’elles puissent passer un peu de temps ensemble et discuter. Alors, un nouveau sourire étira les lèvres de la mère de famille, quand sa fille accepta de rester pour un verre. « Qu’est-ce que tu veux boire ? » Elle devait avoir de quoi satisfaire ses désirs dans un coin du frigo, ou dans le bar sans doute. Pour elle, ce serait un verre de vin, comme à son habitude le soir, rien de trop alcoolisé et pourtant parfois elle aurait bien envie de boire jusqu’à en oublier tout le reste. « Comment ça se passe, au bar ? » Elle demanda à sa fille. Elle, elle n’osait plus mettre les pieds dans ce bar depuis longtemps, l’endroit devait pourtant être bien plus agréable maintenant que Victoria s’en occupait.